photos © Marikel Lahana
TEXTE D’ASJA SRNEC TODOROVIC
TRADUIT PAR CHRISTINE CHALHOUB
Fauteuils, bacs et miroirs. Dans ce salon de coiffure un peu miteux, Bouboule s’affaire autour de sa mère, alanguie là. Shampoing, teinture et soin. Puce est aussi ronde que Bouboule est longue. Effleurement des peaux, évitement des regards, halètement des souffles, frôlement des mots. La radio grésille, bavasse et chante The man I love. Les voix et pas des voisins du dessus cherchent un gamin, perdu. Bruits incessants et pannes de courant. Face à la vitrine et à nos regards, dans cette chambre rouge, elles balbutient des bribes de vie : ce Centre où travaille Puce et où ne veut aller Bouboule, ce Dédé violent adoré, les secrets bien scellés.
« Dans leur éternelle soumission – à leur environnement, aux hommes, figures cruelles, mais aimées – apparaît l’impossibilité pour ces femmes de sortir de l’enfermement. » À travers le geste chorégraphié de la coiffure – une véritable performance pour les deux actrices – le toucher est « tentative et échec du contact, effleurement sensuel et destructeur » qui, depuis la surface, incise les profondeurs : maternité, maltraitance et misère. Clara Chabalier met en scène le texte inédit en France de la croate Asja Srnec Todorović publié en 1999, quelques années après l’éclatement du bloc communiste. « Comment pardonner sans oublier ? » S’il y a une réponse, peut-être se glisse-t-elle juste là, sous la peau.
Mélanie Jouen.
Mise en scène
Scénographie
Avec
et les voix de
Création sonore
création Lumière
régie Lumière
régie générale
Le shampoing, la teinture, la pause, la coupe, le séchage, sont les étapes d’une transformation à la fois physique et relationnelle. La coiffure est le cadre qui permet d’aborder des sujets difficiles, qu’on ne peut affronter de face, pour tenter de dépasser un passé douloureux. La mère n’est pas une cliente habituelle : le toucher est électrique, le moindre effleurement porte en lui la possibilité du meurtre, ou de l’étreinte. Cette ambiguïté du toucher contient toute la pièce. L’extrême violence des rapports est contenue dans un frôlement, les personnages sont écorchés vifs mais continuent, malgré leurs blessures mises à nu par l’étincelle d’un regard, à faire bonne figure. La séance de coiffure devient une métamorphose pour, enfin, accepter le passé, et continuer à vivre.
Production Cie Pétrole
Coproduction Studio-Théâtre de Vitry ; Comédie de Reims, CDN ; Théâtre Ouvert, Centre National des Dramaturgies Contemporaines
La compagnie Pétrole bénéficie de l’aide au projet de DRAC Île-de-France – ministère de la Culture et de la Communication
Avec le soutien de Région Île-de-France ; Théâtre de Vanves ; Spedidam
photo © Marikel Lahana
Teaser réalisé par César Vayssié
Photos © Marikel Lahana